Le remord d’Albert

Et voilà une nouvelle nouvelle que je vous livre ce soir. Je remarque, en effet, que vous êtes plus nombreux, chers lecteurs, quand je publie des textes plutôt que des chroniques littéraires.

Pas de souvenirs d’adolescence cette fois, pas de biographie de ma mère… L’histoire ci-dessous est complètement inventée même si, forcément, on puise toujours un peu l’inspiration dans sa propre vie. Elle n’a pas d’autre ambition que de vous faire passer un beau moment de lecture.

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Pour une fois, Albert est sûr de lui. C’est à ce point rare qu’il en est tout guilleret, Albert. Même Denise, dont l’espace de vie se limite au fauteuil roulant depuis son AVC, dont les mots sont devenus aussi rares qu’inaudibles, dont le corps n’est plus qu’une vieille chose toute tordue, même Denise ne l’agace plus. Pour un peu, il regarderait presqu’avec tendresse son épouse depuis 62 ans.

Assis derrière la vitre de sa salle-à-manger, voilage tiré, Albert regarde passer les gens. C’est son occupation préférée depuis que les douleurs aux genoux et dans le dos sont devenues tellement fortes qu’il ne peut plus s’occuper de son jardin. Pour passer le temps, Albert a successivement tenté les mots croisés et le bridge. Sur les conseils de son médecin, il a même rejoint le club séniors de la commune. Mais les Belotes, les Dames et les après-midi dansants, ça l’a vite gonflé, Albert. Non, en y réfléchissant bien, c’est chez lui, à observer les voisins qu’il se sent le mieux.

vieillesseAffalée dans son fauteuil, Denise fait entendre quelques borborygmes. Albert soupire et, machinalement, redresse son épouse du mieux qu’il peut. Il a pourtant dit à la petite jeune fille qui remplace depuis une semaine Marie-Claire de faire attention en l’installant après la toilette. Oh, il ne lui reprochera rien ! Elle est tellement gentille et son sourire joyeux est un vrai rayon de soleil quand elle arrive chaque matin. C’est sûr, elle est bien plus mignonette que Marie-Claire, immobilisée par une mauvaise chute. C’est pas non plus qu’elle fasse mal son travail, non pas du tout ! Elle est même très consciencieuse Marie-Claire, très professionnelle. Mais enfin, ce n’est pas la même chose…

Denise… Il l’a tellement aimé Denise ! Au point d’oser braver la colère paternelle, à une époque où cela n’était pas si fréquent. Il se souvient, comme si c’était hier, des paroles glaciales du père quand ce dernier avait appris par la rumeur qu’ils se fréquentaient. « Mon garçon, un Foucarmont ne s’est jamais compromis avec une fille de cafetiers et ce n’est pas aujourd’hui que ça va commencer, crois-moi ! ». Derrière lui, la mère, tête basse, tordait un mouchoir trempé de larmes. Impuissante. Avec l’audace de ses 20 ans, Albert s’était rebiffé. « Je l’aime, papa ! », avait-il asséné. « Je l’aime, tu comprends au moins ce que ça veut dire, aimer ? » Il ne le sut jamais. Il avait dû se contenter d’une gifle pour unique réponse.

Sur le trottoir d’en face, Paulette Legué arrose ses géraniums. Comme tous les mardi et dimanche sur le coup de 11 h. C’est réglé comme du papier à musique. Albert ne va rien lui dire parce qu’il n’est pas du genre à se mêler des affaires d’autrui mais, ces géraniums, il sait bien qu’ils ne vont plus faire long feu. Y’a qu’à voir la sale couleur jaunâtre que prend le feuillage depuis plusieurs semaines. Enfin…

Denise… Il l’avait aimé comme un fou ! Elle avait été sa chance et sa boussole, lui disait-il souvent. Alors, Denise haussait les épaules, s’éloignait sans répondre, mais son sourire complice disait tout. Pour elle, Albert avait renoncé à reprendre la ferme familiale. La lettre écrite à l’encre noire d’une main ferme par son père ne laissait aucun doute quant à sa détermination. C’étaient les 40 hectares de terre et le troupeau de vaches laitières ou bien Denise. La fougue de leur jeunesse pour tout bagage, les deux amants étaient partis loin de leur village natal. Heureux et inconscients. Les regrets viendraient plus tard. Les années 50 avaient souri à Albert qui avait rapidement trouvé une place d’ouvrier agricole. Plus tard, le jeune couple avait repéré une petite ferme dont personne ne s’était encore porté acquéreur. Elle était donc pour eux ! Deux pièces habitables, un grenier, des murs blanchis à la chaux une fois l’an et un toit de tuiles rouges avec deux vasistas. Autour, une porcherie, un poulailler, un jardin potager et au fond de la cour, les cabinets : une planche de bois percé, et quelques feuilles de papier journal. Il faudrait s’en contenter. Denise ne s’était jamais plainte. Elle s’était même lancée avec détermination dans l’élevage de volailles, elle qui n’avait, de sa jeune vie, que rempli et essuyé des verres… Albert, lui, s’échinait à tirer le meilleur des 30 hectares de terre et de son troupeau de vaches. La réussite était venue à force de travail. De beaucoup de travail. Adolescents, leurs deux aînés leur en avaient amèrement fait le reproche. A table, le sujet était devenu prétexte à disputes et à un déballage de rancœur. Il avait fallu se rendre à l’évidence : Leurs enfants n’avaient aucune envie de cette vie, de leur vie ! Albert rigole doucement… N’empêche, c’était bien sa ferme, leur ferme, qui avait permis à Alain et Françoise de pouvoir se payer des études d’ingénieur, pour l’un, et de médecine, pour l’autre.

Albert sursaute ! Sur l’écran du téléphone fixe, le prénom de sa fille s’affiche. Il laisse sonner. Du fond de son fauteuil, Denise le regarde avec insistance. Si elle ne parle plus, sa femme sait encore parfaitement se faire comprendre. Mais non, il ne répondra pas. Il en a marre d’être pris pour un enfant de 83 ans qui doit rendre des comptes. Il n’a pas envie non plus d’entendre la voix pointue de Françoise lui faire des recommandations, que, de toute façon, il ne suivra pas. Depuis qu’elle est médecin à Versailles, Françoise parle pointu et Albert, ça l’énerve. Il l’adore, sa fille, son unique fille. Mais pourquoi faut-il qu’elle s’obstine à parler comme une grande bourgeoise ? Le téléphone s’est tu. Il imagine Françoise en train de le maudire parce qu’une fois de plus, il n’a pas branché le répondeur. Derrière les vitres de sa salle à manger, ça le fait marrer Albert.

Sur le trottoir d’en face, Paulette Legué s’est attaquée aux fleurs de géraniums fanées qu’elle coupe méthodiquement, tendrement, presqu’amoureusement. Pour ses 75 ans, elle est bien conservée, Paulette. Faut dire qu’elle ne ménage pas son temps à la paroisse Saint-Joseph et au Secours catholique ! Même si, il le sait bien, cette façon si peu chrétienne qu’elle a de toujours tirer la couverture à elle fait grincer des dents. En tout cas, du temps du club séniors, c’était bien la seule avec qui Albert avait plaisir à danser.

Le vieux monsieur déplie sa longue carcasse et quitte son poste d’observation. Il ne faudrait pas qu’il oublie la résolution qu’il a prise cette nuit dans le grand lit en chêne où il dort seul désormais, et qui le rend si serein. Ses pas, lentement, le mènent jusqu’au salon. Il se sent tellement lasse depuis quelque temps. Comme si la vie avait trop tiré sur la corde et qu’elle était prête à céder. Comme ils en ont l’habitude depuis 30 ans, ses yeux s’attardent sur les photos de Bertrand qui tapissent le mur au-dessus de la cheminée en marbre.

Bertrand a disparu le 20 novembre 1985, et en disparaissant, il a emporté tout l’amour que Denise portait à son mari. Albert n’a jamais pu comprendre cette rancœur, cette haine que sa femme lui vouait désormais. Mais qu’est-ce qu’elle s’imagine ? Qu’il n’y a qu’elle qui souffre depuis 30 ans ? Qu’il n’y a qu’elle qui a les tripes bouffées de l’intérieur ? Qu’il n’y a qu’elle qui n’a plus de larmes à force d’avoir pleuré ?  Qu’il n’y a qu’elle qui ne peut pas voir un homme de 40 ans sans penser à Bertrand, un espoir désespéré dans la tête ? C’est curieux mais avant la disparition de Bertrand, Albert n’aurait jamais imaginé que c’était possible d’avoir mal 24 heures sur 24.

Bertrand… Le benjamin, né 20 ans après ses frère et sœur. Albert se souvenait parfaitement de sa stupéfaction mêlée d’une joie immense lorsque Denise, quasi hystérique, lui avait annoncé qu’elle était enceinte de quatre mois passés. Elle s’était rendue, presque gênée et toute rougissante, chez un gynécologue trouvé au hasard dans le bottin, persuadée d’être atteinte de ménopause précoce, elle qui n’avait jamais réussi à faire un troisième enfant à son mari. Alain et Françoise avaient 20 et 21 ans à l’époque et n’avaient pas manifesté une joie extraordinaire à l’idée de voir la fratrie s’agrandir. Bras ballants, yeux ronds, ils découvraient, incrédules, que leurs parents faisaient encore l’amour. Ils avaient déjà quitté le nid. Bertrand avait été la belle surprise que leurs parents n’espéraient plus.

Il allait avoir 12 ans quand il avait disparu, entre la rue des Trois Cloches et la rue du 8-mai 1945, à 800 mètres de la ferme familiale, où le bus scolaire l’avait déposé. Seul, puisque son copain Thomas était malade ce jour-là, il avait commencé à marcher, cartable sur le dos, guettant la voiture de son père qui lui avait promis de venir le chercher. Framboise, une belle Montbéliarde à la robe rouille de deux ans, vêlait pour la première fois ce jour-là. Le veau se présentait mal et Albert en était fort préoccupé. Caressant les flancs de la belle en souffrance, il lui murmurait des encouragements, hésitant encore à faire appel au vétérinaire. Ce n’est qu’à 17 h 30 qu’Albert s’était rappelé sa promesse d’aller chercher Bertrand à l’arrêt de bus et inquiété de ne pas avoir encore vu le petit débouler dans l’étable, lui qui n’avait de passion que pour la ferme. Un mauvais pressentiment dans le cœur, Albert avait couru jusqu’à la maison, persuadé de trouver Bertrand attablé devant son bol de café au lait et ses tartines de confiture . Mais la pièce, comme la maison, était vide. Bizarrement vide. Alors, Albert avait crié : «Bertraaaaaaaaand ! » de longues minutes, partout dans la ferme, de toutes ses forces. Il avait sauté dans la 4L fourgonnette et refait le parcours emprunté par son fils chaque soir. Mais il n’avait pas croisé Bertrand. Fou d’inquiétude, il avait appelé le collège, les amis, cherchant fébrilement les noms dans l’annuaire, se trompant, recommençant. Non, personne n’avait vu Bertrand.

« T’as vu ? Y’a Framboise qui a enfin vêlé ! Un beau petit veau qui cherche déjà à téter ! », se réjouissait Denise dans l’entrée, en accrochant distraitement son manteau à la patère, sa caisse à monnaie sous le bras. Elle venait de rentrer du marché dans la ville voisine où elle écoulait ses poulets, poules et lapins. Albert n’avait rien répondu. Il l’avait entendu fouiller dans l’armoire à chaussures et poursuivre : « Au fait, faudra dire à Bertrand qu’il arrête un peu de toujours embêter Frivole ! A l’agacer comme ça, son lait va finir par tourner. Et d’ailleurs, il est où çui-là ? Ben ? Tu fais quoi ? ». Bottes aux pieds, prête pour la traite, Denise venait de découvrir Albert, assis dans l’escalier, l’annuaire sur les genoux et le téléphone à la main, hagard, et les yeux rouges. Le cri de bête égorgée qu’elle avait poussé quand Albert, doucement, lui avait raconté, le poursuivait encore aujourd’hui.

Au début, ils s’étaient forcés à croire à la fugue à laquelle s’accrochaient les vingt et un gendarmes de la Brigade de Dunkerque, chargée de l’affaire. Ils avaient fouillé la chambre de Bertrand dans les moindres recoins, se jetant sur chaque signe qui aurait pu justifier une fugue : Une mauvaise note, une remarque d’un professeur, une moquerie d’un camarade. Leurs espoirs avaient fondu au même rythme que les jours, puis les semaines qui passaient sans aucune nouvelle. Bertrand s’était volatilisé. Albert et Denise avait fini par accepter de prendre les somnifères prescrits par un médecin, eux qui de leur vie n’avaient jamais pris un médicament, pas même un cachet d’aspirine. Ils pensaient qu’un dormant, ils oublieraient quelques heures. Pourtant, il avait fallu se rendre à l’évidence : Même plongé dans un sommeil artificiel, leur cerveau continuait de leur parler de Bertrand.

L’enquête n’avait jamais abouti. Un voisin, un peu marginal, avait, un temps été soupçonné. Le garde-champêtre, qui avait eu des démêlés avec la justice à cause d’une dette de jeu, avait passé une journée en garde-à-vue. Et puis, plus rien ! Les journalistes locaux et nationaux qui avaient envahi le village au premier jour de l’affaire étaient tous repartis au bout de quelques semaines, déçus de ne pas retrouver dans ce coin du Nord les ingrédients qui avaient fait « l’affaire Grégory » un an plus tôt en Lorraine. Seul « Détective », avait fait un peu de rab. Et puis, comme tout le monde, il s’était lassé. Les gendarmes rendaient visite régulièrement à Albert et Denise, mais on voyait bien qu’ils n’y croyaient plus trop non plus. Le couple avait repris sa vie à la ferme mais l’envie les avait quittés désormais. Ah quoi bon, avec Bertrand qui n’était plus là pour leur succéder ? Le veau de Framboise avait grandi, il avait vêlé à son tour. Denise et Albert approchaient les 60 ans, ils travaillaient depuis qu’ils en avaient 16. Ils avaient tout cédé à un voisin, ne gardant que leur maison, où les photos de Bertrand prenaient tout un pan de mur, au-dessus de la cheminée.

Albert était entré en retraite comme on entre au purgatoire. Il y a longtemps déjà que Denise ne lui parlait plus. Sauf pour lui cracher : « C’est ta faute, tout ça ! C’est ta faute ! ». Alors, Albert s’éloignait sans rien dire. Il n’avait jamais vraiment réussi à s’habituer à la haine qui le liait à Denise désormais, aux agaceries qu’ils se faisaient l’un l’autre. Comme si se faire souffrir allait leur ramener leur fils.

Sur le trottoir d’en face, Paulette Legué a laissé tomber ses géraniums. Son arrosoir à la main, elle parle avec Brigitte Lannoye, la voisine du 47. Il ne l’a jamais trop aimé, celle-là, Albert. Un peu trop curieuse et mauvaise langue. Debout au milieu du salon, un sourire narquois au coin des lèvres, Albert se demande qui peut bien susciter une conversation aussi animée avec moulinets de bras et éclats de rire.

L’espèce de râle qui sort de la bouche de Denise sort Albert de ses pensées. C’est vrai ! Il a pris sa décision et rien, désormais, ne le fera changer d’avis. D’un pas alerte, il se dirige vers l’armoire à pharmacie au-dessus des toilettes. Il ouvre la porte et prend trois petites boîtes de comprimés. Normalement, une vingtaine de cachets devraient faire l’affaire mais mieux valait assurer le coup. Heureusement que son médecin lui avait fait une ordonnance avec deux renouvellements. Albert n’avait jamais vraiment su mentir et devant le gentil regard bleu profond du docteur Crépin et ses questions très précises, il avait senti la sueur couler le long de ses bras et imprégner sa chemise molletonnée. Mais finalement, tout s’était bien passé. Il avait scrupuleusement suivi l’ordonnance et acheté les trois boîtes de Stilnox en trois fois. Pas la peine d’aller éveiller les soupçons du pharmacien. Albert s’installe à la table de la cuisine, ouvre les opercules sans trembler et commence à couper les cachets au couteau. Puis, il les réduits en poudre au pilon, comme il a vu le faire sur youtube. Les quelques mois passés au club séniors lui avaient au moins permis de savoir se servir d’un ordinateur et de comprendre les rudiments d’internet. Finalement, ça lui avait été très utile pour combiner son plan. Voilà. C’est fait. Il n’y a plus qu’à mettre la poudre dans un grand verre d’eau et à faire avaler le tout à Denise. Jusqu’à la dernière goutte. Après, l’histoire suivra son cours… Soudain, Albert a un doute. Non pas sur son projet diabolique, non. Depuis le temps, il a eu le temps de peser le pour et le contre ! C’est son degré d’efficacité qui le tracasse. Et si 30 cachets, tout compte fait, ce n’était pas suffisant ? Pour faire bonne mesure, le vieil homme décide de remplacer l’eau par du vin. Il a justement commencé une bouteille hier au souper.  Albert n’a jamais aimé gaspiller et devant le Bourgogne Aligoté 2010, il hésite. C’est quand même bête d’aller gâcher du si bon vin avec des somnifères.

Le verre à la main, Albert regarde dormir Denise. Il ne va quand même pas la réveiller pour l’empoisonner. Presqu’attendri, Albert attend. De nouveau, ses yeux s’égarent vers les photos de Bertrand, puis s’attardent sur le guéridon où Albert et Denise, heureux, amoureux, posent en costume de mariés en noir et blanc. Elle était belle Denise ! Longtemps, Albert s’est demandé pourquoi elle l’avait choisi, lui, le fils de paysan un peu gauche. Longtemps, Denise n’avait rien voulu lui répondre. Jusqu’au jour où elle lui avait dit : « Mais parce que tu m’as donné des ailes, nigaud ! », avant d’éclater de ce rire qu’il aimait tant. C’est dur de dire adieux à une femme qu’on a si fort aimé. C’est plus dur encore d’être son bourreau. Albert a un remord. Voilà qu’il hésite maintenant ! Assis dans son fauteuil près de la fenêtre, il prend les doigts difformes de Denise dans sa main et regarde son verre où la poudre blanche forme maintenant un amas d’un demi-centimètre dans le fond. Ses yeux se posent une dernière fois sur Bertrand, reviennent vers Denise. Albert soupire, puis, d’une traite, avale le breuvage.

Sur le trottoir d’en face, Paulette Legué a ramassé son arrosoir et ses ciseaux. Tendrement, elle regarde une dernière fois ses géraniums avant de rentrer chez elle. Elle est contente, ils sont si beaux et si rouges. Ils vont encore longtemps faire des jaloux dans le voisinage.

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