Je ne suis pas une spécialiste des légendes arthuriennes. Celles-ci n’évoquent pour moi que quelques prénoms -Arthur, Viviane, Lancelot, Merlin…- et de bien jolies promenades en forêt de Brocéliande en Bretagne ou dans les ruines du château de Tatingel, au fin fond de la Cornouaille, au milieu de paysages à couper le souffle, battus par les vagues…
Le titre du recueil de nouvelles écrites par Julie Derussy et Clarissa Rivière, et très joliment illustré par Tonino Della Bianca, Légendes érotiques arthuriennes, m’a d’autant intriguée et donné envie de m’y plonger. Ce que j’ai fait sans plus attendre. Et ce fut une excellente idée. Légendes érotiques arthuriennes, ouvrage paru dans la collection e-ros des Editions Dominique-Leroy se lit d’une traite et revisite sous un jour très inattendu la légende de ces héros médiévaux. Il commence avec La Demoiselle du lac, de Julie Derussy. La nouvelle s’ouvre sur la belle Viviane, jeune fille aussi délurée que téméraire, qui n’aime rien mieux que de braver l’interdit paternel en se baignant nue dans un lac de la forêt de Brocéliande. Sous les yeux affolés de Merlin dont l’apparence trompeuse d’un vieillard n’a en rien entamé la virilité . « Immédiatement, Merlin banda prodigieusement. Il avait pourtant emprunté, ce jour-là, l’apparence d’un vieillard. Cela n’empêcha pas le désir de monter, puissant comme la sève dans les arbres. Il eut envie d’arracher ses vêtements, de se jeter dans le lac et de la posséder comme une bête. Il l’aurait prise, tout de suite, sans attendre son consentement, il aurait mordu ses seins et sa bouche, violé sa virginité. Car, oui, elle était vierge. Cela aussi, il le sut tout de suite. La première fois que Merlin vit Viviane, il parvint, par miracle, à dominer ses sens : il prit la fuite », écrit d’une très jolie plume teintée d’humour, Julie Derussy. S’ensuit, entre les deux protagonistes, un jeu de séduction très érotique où l’auteure excelle à faire monter la sensualité et le désir, tout en s’amusant de ses personnages. Le dénouement, très charnel, laisse aussi une grande place aux sentiments. J’ai vraiment beaucoup aimé cette nouvelle admirablement porté par la plume talentueuse de son auteure.
La seconde nouvelle du recueil a pour titre Pour l’amour de son roi. Elle a pour auteure Clarissa Rivière, dont plusieurs nouvelles ont déjà été chroniquées sur ce blog. Pour l’amour de son roi met en scène la toute jeune Guenièvre, escortée par le preux Lancelot, auprès d’Arthur qu’elle doit épouser sans même l’avoir déjà vu. « Depuis leur départ, Lancelot prenait sa mission très à coeur, il en faisait même un peu trop. Il ne quittait pas la jeune fille, freinant son cheval pour se maintenir au niveau du lourd chariot de luxe qui la transportait. Guenièvre n’était pas en reste. Accoudée à sa petite fenêtre, elle levait son charmant minois vers le chevalier et le bombardait de questions, pour le seul plaisir de contempler son visage ouvert, ses yeux clairs. Le sourire du jeune homme la réchauffait d’un feu inconnu et la consolait de quitter le château de son enfance », écrit Clarissa Rivière. Ne vous fiez pas à ce très sage récit… La suite l’est beaucoup moins. L’auteure s’entend à merveille pour faire monter le désir entre Guenièvre et Lancelot, qui ne tardent pas à succomber, au hasard d’une halte sur la route. Le sentiment de culpabilité qu’ils ressentent l’un et l’autre exacerbent leurs sens. Mais voilà que Guenièvre rencontre Arthur, tout rougissante et mal à l’aise, sous l’œil désespéré de Lancelot. Je vous laisse deviner comment ce trio là va parvenir à trouver un terrain d’entente très charnel, assurément, très libéré, évidemment, très amoureux, également, émoustillant, sans doute. La plume de Clarissa Rivière ne m’a pas déçue cette fois encore.
Ce recueil de nouvelles, et beaucoup d’autres, peuvent être achetés en ligne auprès des Editions Dominique-Leroy en cliquant ici