Et voilà ! J’ai terminé hier la dernière enquête de Thomas Linley et de Barbara Havers, les deux inspecteurs de Scotland Yard créés depuis plus de 30 ans par l’Américaine Elizabeth George. Et une nouvelle fois, un sentiment de tristesse m’a envahie, tant je suis attachée à ces deux personnages et à leur vie personnelle dont on suit la trajectoire à chaque nouveau roman, en parallèle de l’intrigue policière.
Dans La punition qu’elle mérite, (paru aux Presses de la Cité dans une traduction d’Isabelle Chapman), Barbara Havers, toujours aussi imprévisible, mal fagotée, gouailleuse et célibataire, est envoyée avec sa chef, la commissaire Isabelle Ardery, en proie à des problèmes familiaux largement dus à son alcoolisme chronique, dans une bucolique bourgade du Shropshire (à deux pas du Pays de Galles) où elles doivent tirer au clair le suicide d’un prévenu alors qu’il se trouvait en garde-à-vue pour une affaire de pédophilie. La commissaire Ardery, pressée de rentrer à Londres et engluée dans ses problèmes personnels, ne tarde pas à confirmer la thèse du suicide alors que Barbara Havers, intriguée par le comportement pour le moins léger de l’îlotier de garde ce jour-là, de même que par la façon bizarre dont l’arrestation du prévenu s’est faite, veut pousser plus loin les investigations. Désavouée, la commissaire Ardery est remplacée par Thomas Linley, toujours aussi beau, racé, pur produit de l’aristocratie britannique, pour poursuivre les investigations. Le sympathique et inénarrable duo d’enquêteurs se reforme donc, pour la plus grande joie des lecteurs. Et ces deux-là vont rapidement découvrir que dans la bourgade de Ludlow aux apparences si tranquilles, beaucoup de gens ont des choses à cacher. Jusqu’à aller jusqu’au meurtre pour préserver de vilains secrets ? Allez savoir…
Comme d’habitude, j’ai adoré cette lecture (je n’ai, pour le moment, jamais été déçue par un polar d’Elizabeth George).
- Pour la finesse des descriptions des lieux et paysages. On ne lit pas un roman qui se passe en Angleterre. Non, on est en Angleterre.
- Pour la finesse des descriptions et caractères des personnages secondaires et principaux qui les rend si réels.
- Pour le temps qu’Elizabeth George met à poser son intrigue et à entrer dans l’histoire, sans que cela ne soit ennuyeux. Lire un Elizabeth George, c’est savoir prendre son temps parce que chacune des vies des différents protagonistes est longuement expliquée, analysée et que cela fait partie intégrante de l’intrigue.
- Pour sa façon qu’elle a de balader le lecteur de fausse piste en fausse piste avant que la vérité n’éclate sans invraisemblance ni hasard qui tombe un peu trop bien.
- Pour la joie que l’on a à retrouver les personnages principaux qu’on a appris à aimer au fur et à mesure des enquêtes et dont l’évolution de la vie privée nous tient en haleine à chaque nouvelle parution
- Pour la relation extraordinaire, teintée d’admiration et de respect mutuel, qu’entretiennent Barbara Havers, issue des quartiers populaires de Londres, et Thomas Linley, issue de l’aristocratie britannique, propriétaire d’un hôtel particulier dans l’un des quartiers les plus chics de Londres et d’un manoir en Cornouailles. Si ces deux-là s’agacent souvent, ils sont aussi liés par une relation plus qu’amicale, presque fraternelle malgré leurs origines sociales diamétralement opposées.
Amateurs de bons polars, ruez-vous sans problème sur le dernier opus d’Elizabeth George qui tient toutes ses promesses. A celles et ceux qui ne connaissent pas la série et voudrait la découvrir, je suggère de commencer par Enquête dans le brouillard, le premier de la série qui vous permettra de voir dans quelles circonstances Havers et Linley ont été conduits à enquêter ensemble avant de devenir les personnages récurrents et fétiches d’Elizabeth George et de suivre les soubresauts de leur vie privée, souvent malmenée.